Textes
Des grands classiques, des moins connus, des inédits...
Texte 3. Oh, qu’il est lourd, quand l’étape se fait longue, ce sac chargé sans presque y penser ! Pesant de trop, lourd de bricoles, de trop d’affaires dont je n'ai pas su me passer.
Et comment faisiez-vous, Seigneur, pour parcourir les routes de Terre Sainte, sans même avoir où reposer la tête ? Je rêve de ce détachement des pèlerins n'emportant que leur besace, s’endormant sous les étoiles, enroulés dans leur manteau. Tout simplement. « Le symbole est évident. Le sac est notre croix ; notre sac, c’est notre vie et il nous fait souffrir. » Il nous rappelle sans cesse le rejet impitoyable de ce qui encombre nos vies. Ce poids trop lourd, lourd de ma faiblesse, de trop d’affaires dont il faut encore s’alléger. Seigneur Jésus, vous avez dit à la foule de vos disciples « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. » Il n’y a pas d’autres voies, c’est clair. Il faut charger ce poids sur nos épaules et marcher à votre suite comme un novice, une Patte Tendre, marche en suivant son Chef, « sequela Christi ». « Qui ne prend pas sa croix et ne suit pas, derrière moi, il n’est pas digne de moi ». C'est bien vous, l’Agneau de Dieu, qui portez le lourd fardeau de nos péchés, de mes péchés. Il y a ce poids sur mes épaules avec la sueur et la transpiration. Il y a ce poids pesant de trop, lourd de mes péchés, de trop d’affaires dont ma faiblesse n’a pas pu se passer. C’est ma misère que je transporte, les « impedimenta » de ma nature, et même le soir à l’heure de l’examen de conscience, ce sac reste tout près de là où je m’endors. Près de ma tête comme un oreiller. On dirait presque que je veux l’embrasser comme on embrasse les siens avant de s’endormir. Face à la mollesse aux soins de notre petit confort, Vous avez accepté d’être d’abord flagellé, avant même d'embrasser cette lourde poutre patibulaire. Moi je n’ai guère que ces bretelles du sac, qui scient les épaules à la longue, imitant quelque peu ces marques empreintes dans votre chair. Encore est-ce bien moins lourd ; mais c’est déjà volontaire. Je me suis donc levé. J’ai ramassé le sac, je l’ai chargé vivement sur les épaules. C’est ma croix, elle m'est ajustée. Car on embrasse une croix, on ne la laisse pas traîner. Il gît toujours sans pieds, à terre, ce sac. Il faut à chaque fois le saisir, s’en emparer, et c’est à moi de le prendre, de l’élever en me dressant avec. « Sois fort et tiens bon » répétiez-vous à Josué, Chef de votre Peuple. Porter cette croix c’était bien la fin de Votre vie terrestre, le but de tant de pérégrinations qui s’achèvent au chemin du calvaire. Avec cette poutre qui pèse et étouffe bien plus que mon sac sur les épaules. Avec ce poids qui vous fait chuter et avec lequel il faut encore et toujours se relever. Frère l’âne, mon corps, sert ainsi à porter physiquement le rappel de ces charges qui pèsent, invisibles sur mon cœur. Au routier qui serait tenté de croire trop en ses propres forces, cela rappelle que la Grâce précède tout, et que seule la faiblesse est véritablement nôtre. Comme les chutes sur le chemin de la croix, ce fardeau élève... l’humilité !
0 Commentaires
Laisser un réponse. |
Frère scout, partage Textoscout :
Catégories
Tous
Et à ne pas oublier :Hélie Denoix de Saint Marc, « Que dire à un jeune de 20 ans », récité par Jean Piat
Tous les textes :
Août 2022
|