Textes
Des grands classiques, des moins connus, des inédits...
Texte prononcé en 1854 par le chef indien de la tribu des Suquamish, en réponse au président G. Cleveland qui proposait d'abandonner les terres aux blancs pour une réserve. Nous savons que l'homme blanc ne comprend pas nos mœurs. Une parcelle de Terre ressemble pour lui à la suivante, car c'est un étranger qui arrive dans la nuit et prend à la Terre ce dont il a besoin. La Terre n'est pas sa sœur, mais son ennemi, et lorsqu'il l’a conquise, il va plus loin. Il abandonne la tombe de ses aïeux, et cela ne le tracasse pas. Il enlève la Terre à ses enfants et cela ne le tracasse pas. La tombe de ses aïeux et le patrimoine de ses enfants tombent dans l'oubli. Il traite sa mère la Terre, et son frère le Ciel, comme des choses à acheter, piller, vendre comme les moutons ou les perles brillantes. Son appétit dévorera la Terre et ne laissera derrière lui qu'un désert.
Je ne sais pas. Nos mœurs sont différentes des vôtres. La vue de vos villes fait mal aux yeux de l'homme rouge. Il n'y a pas d'endroit possible dans les villes de l'homme blanc. Pas d'endroit pour entendre les feuilles se dérouler au printemps ou le froissement des ailes d'un insecte. Le vacarme semble seulement insulter les oreilles. Et quel intérêt y a-t-il à vivre si l'homme ne peut entendre le cri solitaire de l'engoulevent ou les palabres des grenouilles autour d'un étang la nuit ? Je suis un homme rouge et ne comprend pas. […] Vous devez apprendre à vos enfants que le sol qu'ils foulent est fait des cendres de nos aïeux. Pour qu'ils respectent la Terre, dites à vos enfants qu'elle est enrichie par les vies de notre race. Enseignez à vos enfants ce que nous avons enseigné aux nôtres, que la Terre est notre mère. Tout ce qui arrive à la Terre arrive aux fils de la Terre. Si les hommes crachent sur le sol, ils crachent sur eux-mêmes. Nous savons au moins ceci : la Terre n'appartient pas à l'homme, l'homme appartient à la Terre. Toutes choses se tiennent comme le sang unit une famille. Toutes choses se tiennent. Ce n'est pas l'homme qui a tissé la trame de la vie : il en est seulement un fil. Tout ce qu'il fait à la terre, il le fait à lui-même. Même l'homme blanc ne peut être dispensé de la destinée commune. Après tout, nous sommes peut-être frères. Nous verrons bien. Il se peut aussi que vous pensiez posséder Dieu comme vous voulez posséder notre Terre, mais vous ne pouvez pas. Il est le Dieu de l'homme, et sa pitié est égale pour l'homme rouge et le blanc. Cette Terre Lui est précieuse, et nuire à la Terre, c'est accabler de mépris son créateur. Les blancs aussi disparaîtront ; peut-être plus tôt que toutes les autres tribus. Nous ne comprenons pas lorsque les bisons sont tous massacrés, les chevaux sauvages domptés, les coins secrets de la forêt chargés du fumet de beaucoup d'hommes, et la vue des collines en pleines fleurs ternies par des fils qui parlent. Où est le hallier ? Disparu. Où est l'aigle ? Disparu.
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Et à ne pas oublier :Hélie Denoix de Saint Marc, « Que dire à un jeune de 20 ans », récité par Jean Piat
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Août 2022
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