Textes
Des grands classiques, des moins connus, des inédits...
Le Général Pierre de Villiers, depuis l’École militaire, adresse cette « Lettre à un jeune engagé » le 13 décembre 2016 à ses internautes : Mon cher camarade,
J’ai achevé ma précédente lettre sur cette vérité essentielle, quoiqu’un peu paradoxale en apparence : « toute autorité est un service ». Pour découvrir le lien qui unit « autorité » et « service », il faut avoir compris ce qu’est réellement l’autorité. Ne pas s’être arrêté au conseil que certains ont, peut-être, reçu à la veille de leur engagement : « Tout ce qui porte un galon, tu salues ! ». En réalité, ce qui fait l’autorité est bien plus subtil et bien plus profond. Je suis certain que, dès les premiers jours, vous avez senti que le grade, ô combien nécessaire, ne suffisait pas, pour autant, à asseoir l’autorité. Vous avez raison ! Je sais aussi que vous avez facilement reconnu la vraie autorité chez certains de vos chefs, sans toutefois pouvoir expliquer précisément ce qui se cachait derrière. L’autorité avec un grand « A » est celle qui ne tombe dans aucun des deux pièges qui la guettent. Ni l’abus de pouvoir qui détruit l’autorité, ni la démagogie qui est la négation même de l’autorité. Ni la coercition, ni l’argumentation. Ni la dureté froide, ni la mollesse tiède. Quand l’autorité est excessive, la confiance de ceux sur qui elle est exercée est trahie. Quand l’autorité fait défaut, l’indécision s’installe. De l’indécision nait l’ambiguïté. De l’ambiguïté nait la confusion. Ce sont là les deux plus sûrs chemins vers la défaite. Entre l’abus de pouvoir et la faiblesse, le chemin est étroit et exigeant. Il porte un nom que vous connaissez tous : le service du bien commun ! C’est avant tout au sens du service qu’on reconnaît l’autorité ! L’autorité avec un grand « A » écoute, décide, ordonne, entraîne, oriente, guide, sanctionne si besoin, encourage si nécessaire. Elle réchauffe ce qui est froid et redresse ce qui fléchit. Elle ne compte ni son temps, ni ses efforts. Elle crée une dynamique, un élan, un mouvement dans lequel on souhaite s’inscrire. Elle suscite l’adhésion et la volonté de vaincre ! L’autorité n’existe jamais par elle-même ni pour elle-même. Elle est incarnée par un chef. Celui qui va donner du corps et du cœur à son « galon » par un savant mélange de compétence et de charisme. Celui qui, refusant de « se servir » de sa position, va au contraire mettre son autorité au service de la mission reçue. Celui qui, malgré ses imperfections et ses erreurs, saura conserver son autorité parce qu’il aura eu l’humilité de se remettre en question. Pour résumer, l’autorité est indispensable à toute communauté militaire. Elle incarne la responsabilité et non le pouvoir. Elle oblige tout autant celui qui l’exerce que celui sur qui elle s’exerce. Dans ma prochaine lettre, à quelques jours de la fin de l’année, je vous écrirai quelques mots sur l’importance des permissions. Fraternellement, Général d’armée Pierre de Villiers
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Août 2022
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